Le mardi 6 juin 2023, 18H00-20H00
Renouvellement des actifs en élevage de ruminants
Le défi du « choc de transmission» d’ici 2030
Avec Emmanuel BEGUIN et Christophe PERROT
de l’Institut de l’Élevage
Comment renouveler la force de travail de l’élevage français de bovins, d’ovins et de caprins, dans les 10 ans à venir ? Cette question, les organisations d’élevage réunies dans la Confédération Nationale de l’Élevage se la posent avec une extrême acuité dans un livre blanc qu’ils viennent de publier en s’appuyant sur les travaux de l’Institut de l’Élevage (Idele). Christophe Perrot et Emmanuel Béguin en ont été les principaux artisans. Nous leur avons demandé d’exposer les données, statistiques, démographiques et socio-économiques, qui fondent ce diagnostic préoccupant, mais aussi les propositions et recommandations qu’ils ont faites à la CNE, pour y faire face.
En effet, depuis de nombreuses années, on assiste à un vieillissement massif des éleveurs de ruminants qui assurent l’essentiel de la force du travail du secteur (86%). Du côté des agriculteurs sans élevage, le vieillissement, encore un peu plus marqué, n’a pas du tout les mêmes conséquences avec 47% de main d’œuvre salariée et des possibilités infinies de sous-traitance/ externalisation. En 2027, la moitié des éleveurs de 2018 seront partis, à la retraite ou de façon anticipée ; une conséquence du rajeunissement opéré à coups de préretraite-installation et d’aides au départ dans les années 1990.
Pourtant, chaque année, des milliers de jeunes et moins jeunes, issus du milieu agricole ou non (notamment dans les exploitations de petits ruminants), s’installent ou deviennent salariés. Mais ils ne sont pas assez nombreux pour remplacer les départs, notamment dans les secteurs bovins lait (à cause de l’astreinte) et bovins viande (pour cause de faible rentabilité du capital) qui affichent les taux de remplacement les plus bas de l’agriculture française (40 et 50%, contre 79% en moyenne et 109% en ovin-caprins). Dans les secteurs bovin, ces évolutions pourraient conduire à une chute de la production plus rapide que la consommation ou à des modèles d’élevage dont l’acceptabilité sociétale n’est pas assurée (dimension, pratiques, impacts). Dans les secteurs ovin-caprin, la mobilité et l’adaptabilité sont plus fortes et la « banalisation » du métier (que l’on peut adopter et quitter comme un autre) progresse, sans que cela conduise toujours à l’équilibre. Malgré un faible taux d’autosuffisance, le secteur ovin viande remplace mieux ses actifs que ses agneaux.
Pour inverser la tendance 27 propositions sont sur la table, regroupées en trois grandes thématiques, dont la plus importante est sans doute de recréer du lien entre l’élevage et la société. La deuxième concerne la transmission de l’existant et la facilitation de l’installation sur le plan juridique, fiscal, réglementaire et économique où il y a beaucoup à faire. Enfin les dispositifs d’accompagnement, de formation et de conseil doivent évoluer pour relever ce défi.
Nous vous attendons nombreux pour débattre avec eux aussi bien du diagnostic que des propositions.
En attendant la réunion, on pourra lire
Depeyrot J.-N., Parmentier M., & Perrot, C. (2023). Élevage de ruminants : vers une pénurie de main-d’œuvre ? INRAE Productions Animales, 36(1), 18 p. ou INRAe-IDELE Rencontres Recherches Ruminants, 26, pp. 25-36
Institut de l’Élevage, 2023. Éleveur de ruminants : L’attractivité du métier en question. Dossier Technique de l’Elevage, 7, 55 p.
Confédération Nationale de l’Élevage, 2023. Livre blanc. Le renouvellement des actifs en élevage bovin, ovin, caprin. Rapport, février 2023, 59 pages.
Réunion à distance
Participation sur invitation –Prendre contact ici.