Avec André Pflimlin et Michel Rieu
Des choix politiques UE-US anciens ou récents ont institué la dépendance de l’élevage au soja importé au détriment des protéines européennes. Le soja, graine, huile et tourteau, est devenu une commodité mondiale majeure. Une large part de la production voyage du continent américain à l’Europe et l’Asie. Ce marché est sensible aux aléas climatiques, mais aussi aux politiques commerciales. Avec la guerre commerciale USA-Chine et la demande croissante dans les pays de l’UE pour des produits animaux « sans OGM », le soja revient en force sur le devant de la scène médiatique et politique.
Pourquoi les citoyens-consommateurs se mobilisent-ils contre les OGM ? Leur toxicité fait controverse. Les OGM posent aussi bien d’autres questions, le droit de manipuler le génome, le modèle économique des semences OGM et la liberté de choix des agriculteurs, le système Monsanto glyphosate et cultures OGM résistantes, la déforestation importée… En bref, avec le soja, la dépendance en protéines de l’Europe participe à la dégradation de l’environnement, de la biodiversité et au réchauffement climatique via la destruction de la forêt amazonienne…
Peut-on changer de modèle ? L’extension rapide du « sans OGM » aura de fortes conséquences sur les filières d’élevage européennes. On pourrait vite constater des difficultés à satisfaire les besoins des troupeaux et une hausse des coûts de production des produits animaux. Les consommateurs sont-ils prêts à payer ?
Soja importé, intensification de l’élevage et modèle alimentaire sont très liés. Dans ce contexte, la remise en cause des OGM, et en particulier du soja, a des effets sur la pérennité des systèmes d’élevage actuels. Mais d’autres pays de l’UE ont déjà fait ce choix. Et la France semble bien placée pour une telle évolution !
Dites « Soja » et vous ouvrez la boîte de Pandore. Le 2 avril, venez-vous-mêmes dire ce qui en sort.