Présenté par : Véronique LUCAS (à partir de sa thèse avec la FNCUMA et l’UMR INNOVATION (INRA Montpellier).
Dans son travail de recherche conduit avec la Fédération nationale des CUMA (Coopératives d’utilisation de matériel agricole), Véronique Lucas a mis en évidence une agroécologie particulière en cours de développement de manière silencieuse et peu visible parmi les agriculteurs conventionnels français. Celle-ci résulte de nouvelles stratégies d’agriculteurs cherchant à gagner en autonomie, et qui se concrétisent via de nouveaux modes de coopération plus approfondis en Cuma.
Pourquoi les pratiques développées et analysées sont-elles qualifiables d’agroécologiques et pourquoi sont-elles silencieuses ? C’est ce que nous lui avons demandé de nous expliquer à partir de son travail de thèse récemment soutenue.
En effet, ces agriculteurs ont choisi de s’appuyer davantage sur les fonctionnements
« écologiques » de leur exploitation, non pas dans un objectif d’écologisation, mais souvent pour faire face aux contraintes techniques, commerciales, règlementaires, économiques (crise laitière par ex.) et gagner en autonomie, d’où une faible verbalisation des bénéfices environnementaux de leur part. Celle-ci est renforcée par leur évitement des termes provenant de la sphère écologiste, ainsi que par les conditions des dialogues techniques entre pairs ayant cours dans les Cuma.
Cette mise sous silence est renforcée par les instruments de connaissance actuels, notamment statistiques. Ceux-ci accordent peu d’attention aux modalités individuelles et collectives particulières par lesquelles ces agriculteurs développent des pratiques pouvant contribuer à l’amélioration agroécologique de leurs systèmes productifs.
Cette découverte d’une réalité de transitions en cours permet de dépasser le pessimisme résultant de la dichotomie entre d’une part un faible changement apparent lorsqu’on s’en tient par exemples aux statistiques nationales d’emploi des pesticides dans l’agriculture conventionnelle, et d’autre part ou l’examen des schémas de progrès alternatifs intéressants mais est portés par trop peu d’agriculteurs.
Du coup dans quelle mesure cette agroécologie « silencieuse» n’est elle pas, et à quelles conditions, un premier pas vers une transition plus générale mieux assumée au-delà du débat institutionnel avec ses attributs idéologiques inévitables. Comment la soutenir et la rendre plus visible, tel serait un débat d’avenir.
La présentation de Véronique Lucas :
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